ANDREJKA
Andie

A day in the life of…

== Runabout Manicouagan, section centrale...

Le passager était assis au sol, adossé au cadre de la structure du double transporter pad qui trônait au centre de cette petite pièce de transition. Il ne restait que lui et le pilote, pourtant. Les autres fauteuils du cockpit étaient tous libres. Il aurait pu aller à sa cabine, sinon. Il aurait aussi pu s'installer dans la salle commune. Le Runabout était en configuration de transport, il y avait plusieurs options.

Mais le passager était assi au sol parce que c'est ce qu'il voulait.

La sensation et la vibration d'un navire lui avait vraiment manqué. Même le pauvre Runabout, pourtant une des embarcations les plus mornes et plates de la flotte, lui donnait satisfaction. Ce son, ce genre de bruit de fond propre aux vaisseaux de Starfleet. Différentes voix selon la classe de navire, différentes intonations selon l'intensité requise à la propulsion. Mais toujours cette même tonalité de base. Cette identité.

Le passager avait joué plusieurs rôles, dans sa carrière. Il avait touché à l'ingénierie, à la tactique, même à la construction de navires ; il avait aussi brièvement touché au commandement. Dans chaque rôle, il avait eu de bons et de moins bons moments. Comme la plupart des officiers Starfleet, il avait aussi fait plusieurs navires, plusieurs stations. Il avait même déjà passé quelques années sur le Polaris, il connaissait encore des gens là-bas. De très rares gens.

Ça semblait une éternité dans le passé.

Mais au moins, c'était un retour au bercail.

C'était un des rares regrets, d'avoir quitté le Polaris. Ses assignations suivantes ne s'étaient pas bien déroulé, le passager avait l'impression de régresser au lieu d'avancer. Son attitude et son comportement, qu'il avait mis tant de temps à bien doser et maîtriser, refaisait surface, il en perdait le contrôle.

Le passager avait carrément remis sa démission, il avait quitté Starfleet.

Puis, il avait erré. Il était retourné sur sa planète de naissance, avec sa famille. Ça n'avait pas duré, il s'est vite rappelé pourquoi il avait quitté. Il avait ensuite trouvé son propre navire, il avait tenté de faire un peu de flotte civile, d'être à son compte, indépendant.

Mais ce n'était pas la même chose.

Pas qu'il avait l'uniforme soudé au corps pourtant. Le passager n'était vraiment pas un sacro-saint tenant aux principes et directives de la Fédération et de Starfleet. C'était un simple citoyen qui n'était pas vraiment attaché à ce genre de rhétorique. Mais l'esprit de groupe, de corps, de famille.

L'équipage. La vie et la dynamique d'équipage. C'est ce qui lui manquait.

Le passager avait travaillé un an pour une réintégration. Il avait dû faire de la récupération à l'académie. Il avait un rang provisoire d'Enseigne à son cou, alors qu'au coeur de sa carrière on y aurait vu trois pips dorés.

How the mighty have fallen.

Mais le passager rentrait à la maison. Il n'avait même pas un poste, il entrait dans l'équipe d'entretien. Comme Enseigne provisoire. C'était presque un miracle de retourner sur le Polaris ; un résultat inespéré, même. Jim avait du tirer des ficelles derrière la scène. Il n'avait certes pas la visibilité d'un Picard ou d'un Sisko, mais 20 ans à la barre d'un navire, ça attire quand même une certaine notoriété avec les gros bonnets. Il était un capitaine respecté, il savait doser ses rares écarts, autant en intensité et en timing ; parce que comme tous les grands capitaine, il savait reconnaître que parfois, le sens de la loi en est plus important que la lettre. En bout de ligne, on avait confiance en lui. Le passager l'avait sans doute déjà entendu dire quelque chose comme ça, d'ailleurs.

"La confiance, c'est juste la conséquence de la constance qui perdure dans le temps."

C'est ce qui rassurait le passager. N'importe où ailleurs, il se serait bien douté qu'il serait resté collé à la maintenance à jamais ; destiné à s'emmerder à des tâches bien en deçà de ses capacités. Pas qu'il voyait les gens de la maintenant comme des officiers de second ordre ou rien de ce genre. C'est jusque que le passager était capable de plus. Il en avait déjà fait beaucoup plus.

Le passager en voulait plus.

Et sur le Polaris. Malgré son passé. Malgré son historique.

Il savait qu'il aurait sa chance.

Le jeune pilote boutonneux, Enseigne tout comme le passager, brisa finalement le silence.

ROCK - Nous approchons de Starbase 35, dernière escale avant le point de rencontre final.

Ce n'était pas trop tôt. Malgré toute son appréciation des sonorités et des vibrations de leur petite barque, le passager n'avait plus vingt ans, et sa position assise au sol commençait à se faire sentir sur son corps. Il ne s'était pas entraîné autant qu'il l'aurait du, ces dernières années.

Il se leva donc debout, lentement... Malgré les complaintes de ses articulations...

S'étira de tout song long, étirant chacun de ses membres...

Se levant sur la pointe des orteils, étirant ses bras au maximum...

Pointant ses antennes bleutées vers le plafond...

Oh, oui, dernier détail.

Le passager est en fait une passagère.

ANDREJKA - About damn time, mate.